La Norvège, un pays de pêche
Un dicton affirme qu’une mauvaise saison de pêche au Lofoten se ressent jusque sur Karl-Johan, la rue principale d’Oslo. Les temps ont changé, mais la pêche saisonnière perdure depuis des siècles. On tire encore, à l’aube, la salve qui propulse des centaines d’esquifs vers les meilleurs fonds. Cette pêche est, plus que jamais, une culture, défendue bec et ongles par toute une population, des hommes bien sûr, et des femmes qui, outre les tâches domestiques, ont souvent un second métier dans les conserveries. Le Nord se plaint des quotas imposés par le Sud, lui-même agacé par les jérémiades des pêcheurs, bien assez riches à son gré. Le “stockfish” est toujours exporté dans toute l’Europe. Que deviendraient les Portugais sans la morue norvégienne ?
On pêche aussi le maquereau, le hareng, le lieu noir, l’églefin et des crevettes. Des espèces moins connues sont de plus en plus prisées pour leur chair et leur haut pouvoir nutritif : la lingue, le brosme à la saveur proche du homard, le chien de mer, un petit squale, ou encore le loup ou dragon de mer, à la gueule patibulaire.
Mais la Norvège tire toutefois d’énormes revenus du saumon d’élevage (60 % de la production mondiale, soit, 29 milliards de dollars en 2012), dont les parcs essaiment partout. Dernier volet, plus problématique, la chasse à la baleine – en fait un petit rorqual qui peut quand même atteindre dix mètres.
Au Musée polaire de Tromsö, on peut lire : “La chasse au rorqual est viable, strictement réglementée, légale, humaine, respectueuse de l’environnement…” Des chiffres estiment leur population à un million, dont 200 000 dans l’hémisphère Nord. Les écologistes n’ont pas les mêmes sources… Quota norvégien en 2011 : 1 286 prises effectuées par des petites communautés au nord du cercle polaire. Si d’aventure un touriste commence à titiller les guides des nombreux musées dévolus à la pêche et à la chasse arctiques en évoquant bébés phoques et baleines, il sera rapidement éconduit verbalement avec deux mots entre le juron et l’anathème : Brigitte Bardot !