Canada : Manawan, Une flèche en plein cœur
Partir à la rencontre d’une communauté autochtone amérindienne, un rêve et une expérience que je vais vivre brièvement mais intensément au Canada en compagnie d’Aurélie Debusschère, mon guide sur place.
24h en terre Indienne
La communauté Attikameks est l’une des 11 ethnies autochtones du Canada. Situé à 300 km au nord de Montréal. Pour préserver sa culture, la transmettre et perdurer, les Atikameks ouvrent leur territoire au tourisme. Aurélie, passionnée par leur histoire, concernée par leur futur, conjugue son présent à leurs côtés afin de leur venir en aide. Elle y développe la tendance du tourisme et la conscience bienveillante envers ce peuple grâce à ses projets photographiques.
Arrivée dans le village après 4h de route depuis Montréal, je rencontre Aurélie, Réginal notre guide local et nos deux accompagnateurs Norber et Carlo. Départ pour le site « Matakan » situé entre lacs et forêts où nous passerons ces prochaines 24h. Après 20 minutes de traversée sur le lac Kempt, long de 61 km, je découvre le campement. Loin du complexe touristique formaté, le lieu est le reflet exact de ceux que possèdent les familles locales comme résidence secondaire et où elles passent leur temps libre en famille ou entre amis.
Aurélie m’invite à faire un tour en canoë sur les eaux paisibles du lac Kempt. La sérénité et la beauté des lieux me fait oublier le froid. L’eau n’est troublée que par nos coups de pagayes qui viennent briser le reflet du paysage qui s’y projette. Retour sur la terre ferme le temps d’une boisson chaude et nous repartons en bateau moteur déployer les mètres de filets de pêche en plein milieu du lac. Il ne nous reste plus qu’à récolter le bois qui nous réchauffera ce soir.
Retour au campement, les hommes s’affairent dans la cuisine. Au menu, de la viande d’orignal. Mon estomac d’européenne peu habituée à la viande sauvage risque de trinquer un peu mais l’air vif m’a affamée et je dévore le repas. En guise de dessert, une orgie de bleuets, ce qui me vaudra mon surnom Atikamek « Minic » (bleuet). Réginal tente de m’effrayer en me contant les mythes des créatures qui sont censés entourer notre îlot.
La soirée se déroule autour du feu, assis confortablement dans le tipi sur le sapinage. C’est le temps des récits de l’histoire et des valeurs communes des 3 Atikameks qui nous accompagne : la vie au rythme des saisons, le respect de tout ce qui les entoure, la préservation des ressources, l’inquiétude quant à la transmission de la culture et la préservation de leur territoire. Comme la tradition est orale, pour qu’elle perdure, il faut des jeunes mais ceux-ci s’en vont progressivement vivre en ville pour travailler et avoir une vie meilleure. Leur terre, la forêt, est progressivement décimée. Aurélie connait ça sur le bout des doigts mais semble aussi concernée et attentive que si elle entendait tout ça pour la première fois.
Le lendemain matin, après une nuit en tente prospecteur, nous partons à la découverte de la faune et de la flore qui nous entoure. Sur le ponton qui mène à l’ilot, de petites baies digérées révèlent la présence d’un ours et Réginal de préciser : « Elles sont sèches, il est parti ». Ouf ! Le temps d’avaler un thé à l’écorce de sorbier, pelé devant mes yeux et il est temps d’aller relever les filets que nous avons posé la veille. La pêche est miraculeuse : 30 poissons de tailles et espèce variées : corégones, brochets, truite. Nous dégustons un savoureux filet doré avant de repartir.
Face au campement, une construction se dessine sur un ilot. Ce sera « L’île de l’amour » pour les couples en lune de miel ou ceux qui veulent simplement un peu d’intimité. Tu reviendras nous voir et tu resteras ici quand tu seras mariée me dit Réginal.
Mon séjour à Manawan, sur le site, aura été une véritable reconnexion avec la nature, entourée d’Atikameks attachants avec lesquels le contact s’est révélé incroyablement aisé et c’est à contre-cœur que je reprends le bateau moteur en sens inverse.
Plus d’infos : http://www.voyageamerindiens.com/
Sophie Parmantier.
Encadré Le peuple de l’écorce
Les atikameks sont connus sous le nom de « peuple de l’écorce » pour leur relation quasi fusionnelle à la forêt et à leur travail artisanal de l’enveloppe du bouleau. Si la communauté Attikameks est aujourd’hui sédentaire, son mode de vie était autrefois régit par 6 Saisons qui rythmaient leur activités et leur déplacement sur le territoire.