Sahara marocain, le désert méconnu
Ce que le Maroc offre de mieux, c’est sa diversité. Beaucoup d’entre vous connaissent probablement les déserts de l’erg Chebbi et de l’erg Chegaga, les deux plus courus. Mais rares sont ceux qui ont pris le temps de pousser jusqu’à l’extrême sud du pays, dans cette région autrefois peuplée de quelques nomades Reguibat puis occupée jusqu’il y a cinquante ans par l’Espagne. Et rarissimes sont ceux qui ont quitté la route nationale numéro un traversant cet immense territoire jusqu’à la Mauritanie pour s’aventurer sur les innombrables pistes du Sahara côtier, à la découverte des ‘sebkhas’ et des ‘barkhanes’.
Or cette zone désertique peu peuplée et aux maigres infrastructures touristiques constitue un extraordinaire terrain d’exploration de sites naturels inédits et ignorés des agences de tourisme. En une journée de route depuis Agadir ou en atterrissant à l’aéroport de Laâyoune avec la Royal Air Maroc, vous pourriez aisément sortir des sentiers battus et envisager un circuit de découverte ou un trek encadré qui s’effectuera nécessairement en totale autonomie puisque le Sahara est un vrai désert : c’est-à-dire qu’on n’y trouve rien ni personne !
Sebkhas à gogo
Il suffit de consulter une carte pour voir apparaitre d’innombrables dépressions que l’on nomme ‘sebkhas’ (l’équivalent des ‘chott’ en Tunisie), dont le fond peut atteindre 50 à 100 mètres sous le niveau de l’océan.
Ces lieux offrent des panoramas grandioses. Mais chacun a ses spécificités. Comme la sebkha Khaoui Nam, qui se termine par une gorge étroite et une impressionnante cascade. Comme la sebkha de Tah, qui est entourée de falaises colorées exceptionnelles. Comme la sebkha Oum Dba, dont le curieux Mont Gara central et les salines au blanc éblouissant offrent des paysages contrastés et uniques en leur genre.
Univers des barkhanes
Il n’existe point d’erg à proprement parler dans le Sahara côtier. Pour profiter du spectacle de dunes à perte de vue, il faut plutôt se rendre en Libye ou en Tunisie. Au Maroc, il s’agit davantage d’un désert au sens minéral du terme, bien que le sable soit omniprésent et que l’accroissement de l’ensablement se constate d’année en année.
Néanmoins, l’amateur de dunes ne sera pas en reste puisqu’il existe beaucoup de coins parsemés de barkhanes, ces dunes isolées en forme de croissant et qui se déplacent avec le vent. Sur le plateau d’Amgriou plus particulièrement et dans une moindre mesure aux abords de la sebkha Khaoui Nam, les barkhanes se multiplient jusqu’à former une mer de dunes déferlantes et un véritable labyrinthe au sein duquel il n’est pas du tout évident de trouver son chemin. Les points GPS ne servent pas à grand-chose puisque la piste empruntée six mois plus tôt peut être entre-temps recouverte d’une imposante barkhane ! De même, ne pensez pas pouvoir franchir ces barkhanes, qui cachent toujours sous le vent une pente raide et dangereuse.
Là encore la diversité est de mise : blanches du côté de Dakhla, dorées sur le plateau d’Amgriou et ocres à la sebkha Khaoui Nam, on est surpris par les tons variés et on ne se lasse pas de les contempler.
Ne tardez pas à aller découvrir le Sahara marocain, l’un des derniers sanctuaires du pays au soleil couchant encore non infesté par le tourisme de masse.