Tourisme chinois, harmonie et adaptation
Le voyage de manière générale répond à une exigence majeure : le respect des valeurs et des cultures locales. Comme Montesquieu le démontrait dans les « Lettres Persanes » (1721), l’humain possède une tendance naturelle à l’ethnocentrisme, c’est à dire à prendre ses repères culturels comme vérité universelle. Cette attitude, pour bon nombre d’entre nous, n’a plus sa place : les voyageurs, au travers de l’empathie et la curiosité, cherchent à comprendre la culture du pays qu’ils visitent.
Pour les voyageurs se rendant en Chine, quels sont les fondements culturels et comportementaux indispensables à connaître ?
La culture chinoise, à bien des égards, est fondée sur l’harmonie. Cette dernière repose sur plusieurs piliers culturels :
- Le taoïsme :
Tao (en chinois Dao), se traduit par « la Voie ». Ce courant de pensée est présent dans de nombreux pays d’Extrême-Orient. Il se situe entre philosophie et religion. On le retrouve dans l’art. Il est à l’origine de nombreuses pratiques traditionnelles, telles que la médecine, la politique, les arts et les arts martiaux. Certaines pratiques bouddhiques, comme le Zen japonais, reposent sur le taoïsme. L’initiateur du taoïsme est Lao-Tseu (604 à 479 av. J.-C.), qui se traduit par « Vieux Maître ».
Il serait l’auteur du Livre de la Voie et de la Vertu (Dao De Jing). Voici les caractéristiques essentielles du taoïsme :
Harmonie :
En Chine, la sagesse se fonde sur l’harmonie. Pour y parvenir, l’homme doit placer son cœur et son esprit dans la voie, la même voie que la nature. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le taoïsme est un idéal de spontanéité, de liberté individuelle et de refus des rigueurs de la vie sociale.
Utilité du vide :
Dans le vide, se trouvent en dormance toutes les possibilités de l’existence. En faisant le vide en soi, les pensées claires peuvent circuler.
Le laisser faire :
Le « laisser-faire » est une attitude constructive exploitable. Si on « laisse faire » la nature, ses 10 000 êtres croissent et se multiplient. Le taoïsme s’attache à cultiver l’efficacité qui découle de l’absence d’intentions. Cette attitude se situe bien souvent à l’opposé de l’approche frontale et directe. Pour faire pousser la plante, tirer dessus ne sert à rien. Il faut l’arroser, l’engraisser.
- Le confucianisme
La pensée de Confucius (Kong Zi) (551 à 479 av. J.-C.), grand philosophe, homme d’État et érudit, reste encore très influente dans la société chinoise. On la retrouve dans beaucoup de pays d’Asie. Le confucianisme structure la conception chinoise de la vie en société.
« Que chacun aime ses parents et respecte ceux qui sont au-dessus de lui, l’ordre régnera dans tout l’Univers ». (Confucius)
Cette doctrine s’attache avant tout à ériger l’harmonie du groupe, au travers du cercle familial et de la communauté. Le confucianisme dicte les règles telles que l’importance de la famille, la piété filiale, le respect des personnes âgées et des ancêtres, le respect de la hiérarchie.
Certains principes règlent le comportement de chacun dans la communauté. On retrouve la modestie, l’humilité, la bienveillance, la loyauté et la justice par le respect des convenances.
- La Face
Dans le principe voici son fonctionnement : un individu X vivant liée à une communauté (amis, famille, collègues) doit continuellement démontrer à cette dernière qu’il se situe dans les standards du bonheur chinois. Ces derniers sont : les valeurs ancestrales liées au respect de la communauté familiale, la richesse, la bienveillance, le savoir, etc. Afin de démontrer ces valeurs en continu, X utilise diverses ressources symboliques (diplôme) ou matérielles (montre de luxe). Cela lui permet d’indiquer qu’il est dans les normes et d’obtenir la reconnaissance du groupe. Si l’une de ces valeurs est brisée, contredite en public, X perd la face et par la même, sa valeur au sein du groupe. C’est pour cette raison que la face constitue le bien le plus précieux des Chinois.
Voyager en Chine nécessite d’être continuellement attentif à ces valeurs. La bienveillance, consistant par exemple à se dévouer totalement à un visiteur étranger, l’emmener en visite, le nourrir, n’est pas un du. Rendre cette bienveillance d’une manière ou d’une autre est essentiel.
Pour des professionnels du tourisme français, accueillir des touristes chinois nécessite une forte adaptation à leurs valeurs, mais aussi à leurs us et coutumes de voyage. Un voyageur quelque soit sa nationalité et le pays qu’il visite, doit se sentir compris et accepté! Les touristes chinois sauront laisser des commentaires positifs de votre établissement sur les réseaux sociaux, conduisant ainsi d’autres touristes chinois à vous rendre visite.