Tribulations en Chine : une aventure inattendue !
Un article offert par Henri Haasz, directeur de la publication de Open Mag. Il raconte dans son récit le début de leur projet qui est axé sur le tourisme équitable dans lequel les futurs voyageurs, grâce à leur expertise artistique et technique, peuvent durant le voyage visiter le pays et aussi donner aux enfants des spectacles caritatifs.
Comment cela a commencé
En 1999 nous formons l’association « sourires sans frontières ». Sélectionnée par la Chine notre équipe formée à la hâte doit créer des spectacles pour les grandes scènes et parades en Chine. Premier problème aucun artiste professionnel ne pouvait se libérer à ce moment et de surcroît au dernier moment.
La précipitation n’était pas notre créneau mais nous ne devions ne pas rater cette opportunité car comme nous le savons tous : «on ne doit pas rater le train». Après mûres tergiversations nous décidâmes de monter une troupe d’amateurs que nous allions former au spectacle. Des jeunes retraités, des personnes motivés se joignirent à nous, enthousiasmés par ce challenge hors du commun, carrément du domaine de l’impossible, mais impossible n’est pas Français.
Nous les formèrent donc aux différentes possibilités de la scène et des parades… Ils emmagasinèrent avec applications et sérieux les différentes notions fondamentales du spectacle comme :
- Entrée et sortie de scène
- Maquillage et costumes chatoyants
- Sourire omniprésent
- Interactivité avec le public etc…
Il fallait trouver un plus qui pouvait donner à notre troupe ce « supplément d’âme » car les troupes « circassiennes » chinoises étaient déjà autrefois à un tel niveau de professionnalisme qu’il était impossible de pouvoir faire une quelconque comparaison. Nous décidâmes de baser nos numéros sur ce que les chinois ne connaissaient pas : l’humour clownesque à la française, c’est-à-dire simplement réaliser des choses qu’ils ne savaient pas faireet en particulier « aller au-delà de l’interdit».
Un moment charnière et dangereux
Laissons la parole à Henri notre « Stage Director » en matière de spectacle.
« Je me disais, avec angoisse, que le moment était enfin venu de se confronter au public chinois. Comment allait se comporter nos artistes en herbe sans aucune vraie expérience avec seulement une envie de se dépasser et une formation artistique accélérée. Les dés étaient jetés, nous ne pouvions plus reculer, une certaine panique taraudait certains de nous, d’autres jubilaient, ne se rendant pas vraiment compte de la réelle portée ce challenge un peu « fou- fou.
J’étais moi-même en pleine réflexion, me demandant si je n’avais pas sur- évalué les compétences techniques de ma troupe d’amateurs. Quelques professionnels s’étaient ralliés à notre folle équipée afin de mieux driver notre équipe, apportant leur expérience et leurs compétences.
Pékin nous accueillit chaleureusement… Le car déversa notre troupe sur la grande artère menant à la fameuse place Tien Ammen et là,nous fûmes tous pris d’une énorme panique devant cette foule immense, cette foule débordante, 200 000 personnes badgées et alignées derrière des barrières attendant notre première prestation déambulatoire. J’avais comme un envie pressante de faire demi- tour de déguerpir illico presto ; les uns après les autres nous passâmes dans les toilettes mobiles. Pas question de pouvoir faire retraite, de détaler comme des lapins, nous étions pris au piège. Je me rappelle encore avoir pensé que j’avais voulu cela et bien je l’avais obtenu, la réalité dépassait la fiction j’étais en plein délire, en plein cauchemar merveilleux, tout se mélangeait, peur, joie, frayeur, bonheur, une montagne de sentiments incontrôlables, allions nous être à la hauteur tenir la dragée haute ou nous écrouler comme un château de cartes. Vais-je me réveiller à la fois libéré et déçu…Les troupes des 50 pays invités s’ébranlèrent nous plongeant dans une panique indescriptible, nous allions passer devant la tribune officielle et démontrer devant les télévisions de Chine et celles du monde entier notre incompétence.
Nous étions prêts mais il me semblait qu’il nous manquait ce petit plus, ce supplément d’âme indispensable pour « crever l’écran ». Et soudain ce fut notre tour. A pas cadencés nous avançâmes vers la tribune officielle ou nous observaient le maire de Pékin, l’ambassadeur de France en Chine et toutes les personnalités qui comptaient. Ce fut notre tour, c’était impeccable, tout était réglé comme du papier à musique, à la fois professionnel mais sans aucune chaleur. Notre désir de bien faire avait annihilé toute spontanéité laissant place à un spectacle rigoureux mais tout à fait « ordinaire ».
Aucune ovation chaleureuse ne vint ponctuer notre final. C’est à ce moment que j’eus cette idée saugrenue: créer le « buzz ». Je me dirigeai donc vers un militaire chinois qui se tenait droit dans ses bottes, l’uniforme rutilant, et dans mes mains un énorme mais inoffensif marteau en caoutchouc, et je me mis à l’assommer et non content de ce geste de folie, je lui pris sa casquette et l’emporta avec moi. Les photographes restèrent pantois, les cameramen se figèrent, les spectateurs auparavant bruyants se turent et baissèrent les yeux, ma troupe se trouva pétrifiée et se paralysa comme pris par la glace, des officiels de la tribune se levèrent abasourdis par une telle désinvolture. Je me sentais seul et vulnérable comme un enfant qui venait de faire une énorme bêtise. Et soudain retentit une pluie, un tsunami d’applaudissements, une ovation immense, des sourires reconnaissants se manifestèrent sur le visage des milliers de spectateurs. Les officiels jusqu’ici circonspects se dressèrent tous et applaudirent, j’avais sans m’en rendre compte fait une chose hors du commun. Nous avions dès lors compris que le peuple chinois venait de découvrir que les clowns sont des bouffons, capables de tout,pour amuser la galerie. Ils nous pardonnèrent notre inconséquence et nous montrèrent qu’eux aussi avaient le sens de l’humour.
Notre équipe grâce à cet acte improvisé, se décontracta et donna une représentation du plus bel effet en offrant au public un tourbillon de joie et de bonne humeur ; notre intervention, tout au long de cette artère gigantesque, fut à la fois interactive, joyeuse et extrêmement professionnelle. Les couleurs vives de nos costumes, les maquillages colorés, notre proximité auprès des pékinois et notre jovialité naturelle nous attira dès lors la sympathie de tous les chinois. Poignées de mains, embrassades en pleine rue, rires, scènes de liesse tout cela devint notre quotidien pendant les 15 années suivantes. »
Le plaisir de partager notre joie en Asie
Il fut décidé de « professionnaliser » nos « amateurs » en leur donnant en amont plus de compétences. Des stages de magie, de sculptures de ballons, de positionnement scénique, de maquillage, de gags clownesques et de chantfurent par la suite prodigués aux personnes motivées par l’aventure. Par la suite nous partîmes au Vietnam, en Thaïlande, au Cambodge afin d’offrir des spectacles aux enfants des orphelinats. Mais ceci est une autre histoire.
quelle expérience incroyable! je souhaiterai rentrer en contact avec vous pour savoir comment rentrer dans un tel projet en Asie