La Martinique, un acteur incontournable de la production mondiale de rhum
Avec ses 1128 km2 et une population de 415 000 habitants, la Martinique est la plus grande des îles de l’archipel des Petites Antilles.
Bordée par la mer des Caraïbes à l’ouest et l’océan Atlantique à l’est, elle se divise en 2 régions, le nord et le sud.
Au sud, le paysage est aride et constitué de mornes. La partie la plus haute du sud est le sommet de la montagne du Vauclin et se situe à 505 m.
Les plages y sont superbes, dotées d’une eau limpide et d’un sable blanc.
Au nord, la végétation est beaucoup plus luxuriante et le relief montagneux. Du haut de ses 1400 mètres, la montagne Pelée domine les plages noires alors que la forêt tropicale recouvre les pitons du Carbet.
C’est aussi au nord que l’on cultive la banane et l’ananas.
Les plages sont difficilement accessibles à cause de la côte qui est très escarpée.
De l’île aux fleurs à l’île à sucre
Mais la Martinique possède d’autres trésors que les plages et la forêt tropicale. Il s’agit aussi d’un acteur incontournable de la production mondiale de rhum, ainsi que la terre d’origine du rhum agricole.
Depuis 1996, la Martinique s’est dotée d’une AOC qui lui permet de réguler la production locale de rhum.
Malgré une nette diminution de la production au cours de ces 50 dernières années, elle reste la 2ème plus grande productrice des Antilles avec sept distilleries actives et une usine sucrière.
C’est lors de son 4ème voyage, en 1502, que Christophe Colomb découvre la Martinique.
Mais ce n’est qu’à partir de 1635 que débute la colonisation par Pierre Belain d’Esnambuc qui travaille pour le compte de Louis XIII.
Chassés du Brésil en 1654 par les Portugais, des Hollandais et des Juifs portugais arrivent sur l’île.
Ces réfugiés partagent leur savoir et leur matériel de fabrication du sucre « terré ». La particularité de ce sucre est d’avoir une mélasse plus riche et plus abondante, la rendant mieux adapté à la distillation.
En 1658, les derniers foyers de résistance indigènes sont éliminés et la Martinique se transforme alors officiellement en à sucre.
En 1675, le Pacte colonial contraint les colonies françaises à ne commercer qu’avec la France. Et l’édit royal de 1713 interdit formellement le commerce de rhum afin de favoriser les producteurs de la métropole.
C’est pourquoi le commerce parallèle et illégal atteint son apogée avec l’exportation de rhum vers les colonies espagnoles, britanniques et d’Amérique du Nord.
C’est en 1763 qu’un mémoire royal autorise l’exportation du rhum vers l’étranger tout en continuant l’interdiction de son commerce en France.
En 1820, après deux périodes d’occupation de l’île par les Anglais, la loi du 7 juin 1820 établit une taxe sur le rhum de 10 francs par hectolitre. Mais Napoléon III supprime les droits de douane coloniaux et le rhum de Martinique se voit enfin commercialiser sur le marché français.
Depuis, la production de la Martinique se concentre sur la qualité du produit.
Cet effort est récompensé par la création de la première AOC reconnue pour le rhum en 1996.
Le cocktail de légende : Le Ti-Punch
Le ti-punch est plus qu’une boisson aux Antilles, c’est un véritable cérémonial.
Pour les puristes, ce cocktail se prépare de la façon suivante : Ecrasez le citron entre vos doigts pour en retirer le jus puis verser la cuillère à café de sucre dans le verre. Remuez lentement le sucre et le jus de citron jusqu’à obtenir un sirop brun. Ajoutez ensuite le rhum.
Afin d’effectuer le sarclage de la canne vers 5h du matin, à l’époque où la canne à sucre faisait vivre une proportion importante de la population des Antilles, les hommes s’offraient à jeun une « mise à feu ».
A 9h, c’était l’heure du rhum pur, le « sec » ou du rhum accompagné d’un zeste de citron et de sucre, le « feu ». La « ti-goutte » se prenait à 11h et annonçait le « ti-punch » de midi. A 12h30, on passait au « ti 50% », c’est-à-dire la moitié du verre de midi.
La religion ayant une grande importance aux Antilles, on nommait le coup de 15h « l’heure du Christ » et à 17h on avait le droit au « ti-pape ».
A la fin de la journée de dur labeur, les travailleurs s’accordaient le « pété-pied », le coup de trop qui nous fait nous écorcher les pieds car on ne tient plus droit. Un CRS permettait alors de revenir sur le droit chemin (CRS = Citron, Rhum, Sucre).